Félicitations méritées à l'auteur qui a eu la gentillesse d'écrire quelques mots pour réagir à son Prix et ouvrir d’intéressantes perspectives :
Quelques mots de gratitude
Comme j'ai eu la légèreté de sécher les Utopiales au moment de la remise du Prix Planète-SF 2014, j'ai craint que ma désaffection ne reflète pas le plaisir sincère que j'éprouve à recevoir ce prix. C'est pourquoi j'ai proposé aux membres de la communauté Planète-SF de leur adresser cette petite tribune. Qu'on ne se méprenne pas sur mon absence à Nantes : je suis heureux et honoré de voir Même pas mort ainsi distingué. Nous sommes même deux à en être touchés : l'auteur comme le lecteur.
En entreprenant la composition de Même pas mort, en tant qu'auteur, je redoutais de perdre une partie de mon public. J'avais conscience d'écrire une fantasy moins canonique, moins drôle, moins accrocheuse que celle de Gagner la guerre ; je craignais de désorienter certains de mes lecteurs. Le Prix Planète-SF vient me rassurer : malgré son changement de sujet et de tonalité, ce prix atteste que mon roman celtique a su toucher d'autres imaginaires et que j'ai pu partager, au moins en partie, mon horizon d'attente.
Quant au lecteur que je suis, il est aussi très heureux de recevoir le Prix Planète- SF parce qu'il s'agit d'un prix de blogueurs. C'est-à-dire le coup de chapeau décerné par des lecteurs critiques. Étant moi-même un public difficile – comprenez par là un lecteur vétilleux et inconstant – je suis très flatté de voir mon roman ainsi élu par un jury dont la motivation est avant tout le plaisir de lire des littératures de l'imaginaire. Du reste, je n'ai que trop conscience que ce qui fait la vie d'un livre, c'est sa réception. L'univers, les personnages, le drame ne vivent pas sans le regard et l'émotion des lecteurs. Un prix des lecteurs est donc, plus encore qu'un compliment, une contribution à l'existence de la fiction ; un prix des blogueurs, ces salonniers virtuels qui font et défont les prescriptions, s'avère d'autant plus précieux.
Enfin, le fait que le Prix Planète-SF couronne œuvres de science fiction comme de fantasy en redouble la valeur. En tant que roman de fantasy historique, Même pas mort relève d'une intention symétrique à celle de bon nombre de romans prospectifs. La rétrospection anthropologique à laquelle j'invite les lecteurs, même si elle paraît très éloignée de nos sociétés et de nos préoccupations, pose une question qui me semble d'actualité. Bellovèse, mon héros, est au seuil d'un changement de civilisation. Le monde traditionnel dans lequel il vit n'a que l'illusion de la stabilité : tout change autour de lui, et il est l'objet comme le sujet de cette mutation. En ce sens, malgré son archaïsme, c'est un personnage terriblement contemporain : la migration dans laquelle il va se lancer ne peut que nous interroger sur les grands flux migratoires, parfois tragiques, que le monde continue à vivre. Quand elle soulève des problématiques de ce genre, la fantasy me semble être la sœur de la science fiction. Par son caractère transversal, le Prix Planète-SF me permet de revendiquer cet autre volet du récit de fantasy. C'est donc une distinction qui fait sens, et que je suis d'autant plus honoré de recevoir.
Crédit photo : Daylon
2 commentaires:
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