Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je peux le faire.
…
Oui.
Enfin, je crois.
Donc, Nébal, de mon vrai nom Bertrand Bonnet, 31 ans, parisien d’adoption, après avoir longuement vécu à Auch puis, pour mes études (de droit, on va dire, pour faire simple), à Toulouse ; au bout de dix ans dans la ville rose, j’ai lâché lesdites études et une thèse qui ne voulait pas démarrer pour changer complètement de monde, et essayer de bosser dans le milieu de l’édition. Ce qui n’est pas évident… Mais depuis 2010, j’ai pu faire quelques travaux de correction ou préparation de copie pour divers éditeurs, un peu de direction d’ouvrage également (chez Dystopia), et tout récemment de la traduction.
Pourquoi t’intéresses-tu aux littératures de l’imaginaire ? As-tu des livres et auteurs cultes ?
L’imaginaire, c’est ce qui m’a amené véritablement à la lecture. Je lisais certes déjà d’autres trucs avant, mais le gros déclencheur, ça a été la découverte du Seigneur des anneaux, vers l’âge de dix ans, je crois. J’ai un peu galéré sur ce monstre (je me souviens d’avoir abandonné une première tentative au chapitre sur le Conseil d’Elrond), mais la drogue a assez rapidement pris. Du coup, de dix à dix-huit ans en gros, je n’ai quasiment lu que de l’imaginaire (au sens large : je n’ai pas de préférence entre la science-fiction, la fantasy et le fantastique, j’ai découvert tout ça en même temps à peu de choses près, et y ai également trouvé mon bonheur). Très tôt (trop tôt, sans doute…), je me suis ainsi fait le « cycle de Dune », puis pas mal d’Asimov, Lovecraft bien sûr (j’y reviendrai), Stephen King, et j’en passe. J’ai eu un passage à vide pendant mes cinq premières années d’études, où j’ai lu davantage de « classiques », enfin, et surtout beaucoup d’essais, des trucs comme ça ; presque rien en imaginaire « pur », en dehors de Terry Pratchett de temps en temps (mais c’est aussi l’époque ou j’ai découvert Kafka, Borges, etc.). Et puis j’ai redécouvert Philip K. Dick – j’étais passé largement à côté quand j’étais ado –, et la drogue m’a repris. Depuis, j’ai lu énormément de choses dans ces littératures, même si ça s’est un peu calmé ces derniers temps, pour tout un tas de raisons plus ou moins valables.
J’ai du mal à expliquer ce goût particulier. Mais je crois que dans l’absolu, en théorie si l’on préfère, c’est la liberté offerte par ces genres qui me séduit, la possibilité de s’affranchir des contraintes du réel pour raconter… ben, ce que l’on veut, quoi. Je n’ai compris que tardivement qu’on pouvait faire un super bouquin en jouant à fond la carte du réalisme, et même de la banalité ; longtemps, ce qui m’a séduit avant tout, c’était la possibilité d’aller voir ailleurs, dans des univers parallèles ou sur d’autres planètes, ou d’injecter l’anormal dans notre triste monde tragique, quand bien même ce ne serait qu’un léger décalage pourtant lourd de sens. Certes, en m’intéressant aux littératures de l’imaginaire, à leur histoire, leur théorie, tout ça, j’ai bien vu que tout n’était pas aussi simple (hélas ?)… Mais il y a toujours cette étincelle, ce goût de l’exotisme et du bizarre (et pas mal aussi de l’inquiétant). Et il y a enfin l’intérêt pour toute la réflexion politique, sociale, philosophique, qu’autorisent ces genres : j’ai la conviction qu’on n’a jamais rien trouvé de mieux pour parler de notre monde que ce regard biaisé, extérieur. L’utopie, notamment, et ce dans toutes ses acceptions, me fascine. Alors voilà : rêver, frissonner et réfléchir. Même si je lis aujourd’hui beaucoup d’autres choses, et si je suis bien moins sectaire qu’avant, cela reste pour moi un programme idéal.
Des livres et des auteurs cultes, oui, un paquet… Bien évidemment, je dois accorder une place particulière à H.P. Lovecraft, auteur qui me fascine tout particulièrement (je crois que ça s’est vu…), à tel point qu’il est le seul à avoir sa propre rubrique sur mon blog, en quelque sorte. Des auteurs que j’ai découvert ado, c’est vraiment celui dont je ne me lasse pas (j’ai été également très tolkienophile, mais l’abus de fonds de tiroir m’en a longtemps détourné…) ; je l’envisage aujourd’hui d’un œil très différent de quand j’ai découvert ses textes, bien sûr, mais je me passionne toujours pour son œuvre, et au-delà sa vie et sa pensée ; je ne cesse donc de relire Lovecraft, et de lire des choses sur lui et autour de lui… Comme dit plus haut, Philip K. Dick a également une place très particulière : c’est vraiment l’auteur qui m’a ramené à la science-fiction, et au-delà, une fois de plus, une personnalité qui me fascine. Je citerais également volontiers J.G. Ballard et Ursula K. Le Guin ; plus récemment, Stephen Baxter, Ted Chiang, Greg Egan… De par chez nous, Yves et Ada Rémy (mais je ne suis pas objectif), Léo Henry et Jacques Mucchielli (idem), Jean-Philippe Jaworski, Catherine Dufour… Et plein d’autres.
Quelle est l’histoire de ton blog ? Y parles-tu uniquement de littératures de l’imaginaire ?
J’ai commencé à tenir mon blog en juillet 2007 (mine de rien, ça fait un petit moment, tiens…) ; je l’ai parfois interrompu, mais dans l’ensemble je m’y suis tenu avec un rythme assez régulier. L’idée, au départ, n’était pas du tout de faire un blog uniquement littéraire, et encore moins orienté sur l’imaginaire ; c’est venu comme ça, tout naturellement, simplement parce que c’était au cœur de mes préoccupations. Mais j’ai toujours utilisé le blog pour parler aussi d’autres choses, certaines pouvant se raccorder à l’imaginaire (cinéma, jeu de rôle), d’autres moins (musique, et de temps en temps sujets de politique et société, même si j’ai abandonné l’idée originelle de leur consacrer une rubrique à part entière). J’y rapatrie aussi mes chroniques pour d’autres supports, comme Bifrost, la Salle 101 ou feu Le Cafard cosmique, ou encore Les Immortels (c’est d’ailleurs clairement mon activité de blogueur qui m’a ouvert ces portes-là). Donc l’idée c’est tout de même, encore aujourd’hui, ben, de parler de tout ce qui m’intéresse, quoi… sans me tenir à proprement parler à une sorte de « ligne éditoriale ». Cette approche me paraît particulièrement adaptée à l’objet blog, avec son caractère très personnel, en forme de « journal extime » disait une camarade. Mais, en même temps, je crains du coup de ne pas être trop impliqué dans la blogosphère en général et SF en particulier, notamment en refusant de faire des concours, de participer à des challenges ou truc ; ce n’est pas ce qui me botte là-dedans, j’ai envie que Welcome to Nebalia reste entièrement ma chose, un reflet de ce qui me parle à un moment donné, sans contraintes d’aucune sorte : ça fonctionne un peu par cycles, du coup, et je ne suis pas certain que les lecteurs s’y retrouvent toujours, mais l’envie de communiquer l’enthousiasme (ou plus rarement les coups de gueule…) reste là ; je ne sais pas si ça marche… Je l’espère.
Pour terminer, lesquelles de tes récentes lectures nous conseillerais-tu ?
Pas grand-chose en imaginaire, a fortiori récent, désolé… En dehors des lovecrafteries, je n’en ai pas lu beaucoup ces derniers temps. Mais je pourrais tout de même citer deux des bouquins que j’ai chroniqués pour le prochain Bifrost (chroniques pas encore disponibles, du coup…), à savoir l’intégrale d’Imaro de Charles Saunders, une excellente saga d’heroic fantasy au sens le plus fort, hommage appuyé mais très réussi à Robert E. Howard, dans un cadre africain : c’est le type même du bon, et même très bon divertissement à mes yeux. Côté SF, j’ai vraiment bien aimé Harmonie de Project Itoh ; le livre n’est pas sans défauts (notamment du côté formel…), mais c’est un bon exemple de SF intelligente, à même de remettre en cause les présupposés du lecteur ; c’est très froid, oui, mais brillant. Sinon, mon dernier énorme coup de cœur dans ces genres, ça a été Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski.
Mais ma grande passion, depuis l’été dernier, ça a été les westerns. Je m’y suis lancé sur un coup de tête, sans véritable programme à la base, mais j’y ai vraiment trouvé mon bonheur, alors que je ne suis pas forcément un très grand connaisseur du genre cinématographique. Mais lisez tous (je le veux !) des livres tels que Contrée indienne de Dorothy M. Johnson, Lonesome Dove de Larry McMurtry, ou encore Warlock d’Oakley Hall : au-delà des étiquettes, ce sont des bouquins extraordinaires, d’une puissance, d’une finesse et d’une intelligence qui ne peuvent qu’emporter l’adhésion.
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